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ZANIS WALDHEIMS (1909-1993) L'ARTISTE, PHILOSOPHE ET PENSEUR
POINTS DE REPÈRE BIOGRAPHIQUES
Par Yves Jeanson

La première moitié de la vie de Zanis Waldheims a été remplie de grandes difficultés et de grandes privations. Son pays avait été la scène de nombreuses batailles pendant les deux grandes guerres mondiales du siècle passé. La Lettonie, un petit pays dans la région Baltique de l'Europe du Nord-est, a été pris avec l'Estonie et la Lithuanie, entre deux grandes puissances. Du côté est, l'Impérialisme russe (la monarchie des Tsars, suivie par l’idéologie communiste), et du côté ouest, les Allemands (Barons féodaux, suivis par l'idéologie du Lebensraum d'Hitler). 

Ayant perdu son pays aux mains de l’Union Soviétique, il s'est retrouvé en 1945, avec sa femme et ses deux enfants, dans un camp de l'UNRRA, (UNITED NATION RELIEF AND RAPPATRIATION ADMINISTRATION) à Bamberg en Allemagne, où ils ont vécu pendant trois ans. L'UNRRA, était une organisation de solidarité internationale créée en 1943 pour permettre l'aide immédiate aux nations ayant subi de la guerre : rapatriement et transport de prisonniers, distribution de produits alimentaires, vêtements, matières premières, etc. En 1947, cette organisation a mis fin à ses activités.
La conclusion de la deuxième guerre mondiale, dans laquelle les Américains et les pouvoirs alliés britanniques ont cédé à l'URSS, tous les pays de l'Europe de l'Est en plus d’une partie de l’Allemagne, fut un événement qui a eu sur Waldheims, l'effet d'une blessure profonde. Il ne pouvait comprendre pourquoi les Américains et Britanniques, qui défendaient les principes de la démocratie, de la liberté, de la libre entreprise et de l'individualisme, avaient accepté de céder au régime le plus cruel qui avait jamais existé, des millions de gens à un régime politique qui était en contradiction complète avec les idéaux de la culture occidentale. 

Ces événements politiques représentaient pour lui, l'anéantissement systématique des valeurs humaines, et une erreur sans précédent dans l’histoire contemporaine. Pour lui, c'était la plus grande malédiction qui pouvait tomber sur l'humanité, non seulement à cause des grandes souffrances subies par des centaines de millions de civils laissés derrière le rideau de fer sous la botte du Régime communiste stalinien corrompu, mais aussi par le déclenchement de la Guerre froide au cours de laquelle des masses immenses d'argent ont été dépensées des deux côtés pour obtenir la suprématie militaire et lancer la course à l'armement atomique. Non seulement pour lui cela était-il moralement, éthiquement et humainement horrible, mais cela a aussi eu pour conséquence, de donner le feu vert à beaucoup d'autres excès néfastes envers la civilisation, et un grand ressentiment envers les occidentaux.
Ces événements créeront chez lui un immense sentiment de dégoût envers tous les politiciens et les intellectuels; ce sera chez lui l’amorce d’une complète “remise en la question” de tout ce en quoi il avait cru et de tout ce qu’il croyait être la Vérité. Cela deviendra un besoin de comprendre ce qui avait bien pu se passer dans l'esprits des leaders occidentaux politiques qui ont choisi de sacrifier contre leur volonté des millions d'individus à l'aliénation politique et idéologique. Quels contrastes entre les valeurs chrétiennes de l'ouest, en rapport à l’athéisme du régime communisme.  

Ayant émigré au Canada en 1952, dans un pays libre, riche et démocratique, il essayera de trouver des réponses à ses grandes questions existentielles non résolues. Une fois installé à Montréal, il se fera membre à la Bibliothèque Municipale de Montréal et lira tout ce qu'il pouvait,  dans tous les domaines du savoir. Après des années de recherche, il arrivera à la conclusion que les humains croient beaucoup trop au pouvoir des mots qu'utilisent les politiciens, les philosophes, les idéologues et les leaders religieux, dans le but d’exciter les masses ou de les séduire, ou de les tromper, voire même de les tyranniser pour en faire des  gens soumis et à qui on apprend à révérer les mots au lieu d'en douter ou de les mépriser.
Lors de ses lectures, il fut captivé par une idée du Maine de Biran (1766-1824), un philosophe français du XVIII siècle, un pionnier de la psychologie. L'idée de Biran, consistait dans en la création d'une carte pour l'orientation humaine. 

Entre 1952 et 1962, il travaillera très dur physiquement pendant le jour comme manutentionnaire dans un entrepôt. Le  soir, il se consacrera avec détermination à une recherche philosophique, la recherche de cette carte proposée par Maine de Biran. C'est dans cette période de dix ans qu’il développera son idée de la géométrie en tant qu’abstraction et qu’il trouvera une approche du comment s'orienter dans le monde subjectif et relatif des mots et de la langue par le biais de signes géométriques en tant qu’abstractions. C'est dans cette période qu'il commencera "à illustrer" ses concepts par l'utilisation de dessins géométriques. C'est dans cette période qu’il réussira à fabriquer cette carte idéalisée pour l'orientation humaine proposé par le Maine de Biran deux cents ans plus tôt. C'est dans cette période que son travail se développera vers l'illustration d'une architecture de la pensée.
Entre 1962 et 1972, il est tellement convaincu de ses grandes découvertes pour le bien de l’humanité qu’il quittera son travail à plein temps et sautera tête première dans un projet immense qui consommera dix ans de sa vie. 

Bernadette Pekss, sa deuxième femme, qu'il avait rencontrée à Paris en 1949 et qui maintenant vivait avec lui à Montréal depuis 1953, le soutiendra financièrement et héroïquement toutes ces années. Elle sera la seule pendant dix ans à bosser dur pour apporter de quoi manger et de quoi payer le loyer. En 1972, il enregistrera un droit d'auteur à Ottawa au Canada pour son invention intellectuelle. 
Après ces dix années de recherches, il retournera travailler pendant quatre ans en tant que messager dans une grande société industrielle, impliquée aussi dans la construction naval. À l'été de 1974, le destin le fera rencontrer Yves Jeanson, un apprenti dans la conception électrique de navire marchand, qui deviendra un ami, un confident et l'héritier des idées de Waldheims. 
En 1974, Jeanson n’avait que 23 ans. Waldheims en avait 65. C'est la période où Jeanson en vient à connaître beaucoup d'aspects de l'histoire de Waldheims : comment il s'en était sorti lors des deux grandes guerres et des nombreux régimes politiques qu’il a connu, ses luttes dans les camps de l’UNRRA corrompus, ses déceptions, ses espoirs et ses expériences comme ouvrier et penseur. Jeanson vient à connaître un peu l'histoire de l'oncle de Waldheims qui était dans le giron immédiat de Trotsky et des révolutionnaires de la révolution d’Octobre. 

En 1976, Waldheims sera mis à la retraite par son employeur et consacrera le reste de sa vie à la poursuite et au développement de ses idées, à l'étude de philosophes contemporains et de penseurs, obtenant une baccalauréat en philosophie de l'Université du Québec à l'âge de quatre-vingts ans. C'est la période où il produira la grande majorité de ses six cents dessins d'art abstrait et géométrique. 

À la fin de sa vie, il avait finalement trouvé certaines réponses à ses grandes questions existentielles des années 1950 et à développer un art abstrait, mais il était toujours en pleine révolte contre des leaders mondiaux qui, à ses yeux, sont toujours aussi nuls et corrompus. Il avait trouvé une paix intérieure relative et avait toujours dit que ses dessins exprimeraient mieux que des mots ce qu'il a voulu dire. 
Il est mort du cancer, en juillet 1993 à l'âge de 83 ans. Sa femme bien aimée et extrêmement courageuse, Bernadette Pekss  lui a survécu neuf ans. Elle est morte en juin 2002 à l'âge de 91 ans.

Brève histoire sur la vie de Zanis Waldheims
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